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A. LES ARCHIVES DE L'ANCIEN REGIME
Pour 1 histoire ancienne passons en revue les différentes institutions de
notre pays et soulignons celles qui sont susceptibles d'éveiller l'intérêt par
rapport a l'histoire régionale et plus particulièrement a l'histoire locale,
c'est-a-dire a la connaissance des villes, bourgs, villages et hameaux, et de
leurs habitants.
Longtemps l'étude de l'histoire de nos villages ou communes rurales n'a
pas été appréciée a sa juste valeur. Aujourd'hui cependant cette partie de
la science historique est a l'honneur. En effet la connaissance du passé des
localités peut faciliter énormément les recherches et études de l'histoire
générale d'un pays et en présente parfois un supplément trés important.
Depuis la guerre surtout les administrations locales luxembourgeoises, les
sociétés et organisations dans nos villages, les paroisses, ont pris la bonne
habitude de publier des brochures avec des articles sur l'histoire locale qui
en général familiarisent les habitants avec la vie de leurs ancêtres et favorisent
l attachement au sol natal.
1. Fonds des Abbayes et Couvents.
De tous les fonds conservés actuellement aux Archives du Grand-Duché,
ceux des anciens établissements religieux occupent la place la plus importante.
Alors que les couvents supprimés par Joseph II avaient dü déposer leurs
archives au Conseil provincial, ceux qui furent supprimés par la République
durent remettre les leurs a un commissaire spécial qui était chargé aussi
de recueiilir les manuscrits et les livres qui avaient appartenu a des bibliothèques
monastiques.
L'établissement religieux le plus intéressant pour le Grand-Duché actuel
est l'abbaye de Saint-Willibrord qui disposait déja d'excellents archivistes: tels
que Winand Gluvel et Willibrord Schramm.
En 693, le grand évangelisateur fonda l'abbaye de l'ordre des Bénédictins
a Echternach qui dans la suite, pendant onze siècles, occupa le premier rang
dans notre pays. Nombreux sont les manuscrits et les documents qui portent
témoignage de la vie culturelle de ce couvent. La plus grande partie des
manuscrits, dont chacun représente un petit chef d'oeuvre furent dispersés
dans différents pays. Heureusement, les archives de ce monastère ont été
sauvées en grande partie.
Une exposition, organisée a l occasion du XlIIe centenaire de la naissance
du fondateur de cette illustre abbaye a réuni pour quelques mois dans les
lieux de leur origine, une partie de ces oeuvres d art, parmi lesquelles le
fameux „Codex Aureus" et le „Liber Aureus Ce dernier présente un aspect
plus modeste, mais est plus important pour les archivistes.
Les documents d'Echternach nous révélent de trés nombreux conflits entre
la bourgeoisie et l'abbaye; ces documents sont trés importants pour l'étude du
droit féodal et nous informent sur la formation d'un esprit nouveau dés la
moitié du XVIIIe siècle. - C. Wampach y a consacré plusieurs tomes.
Un des couvents les plus estimés du pays fut celui du Prieuré de Marienthal.
couvent de femmes de l'ordre de St Dominique. II fut fondé en 1235. Des
centaines de parchemins originaux avec des sceaux magnifiques constituent
un fonds riche et important. Plusieurs de ces pièces sont intéressantes pour
la généalogie des families nobles du pays.
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En 1215, fut fondée a Differdange une abbaye qui se distingue par un fonds
trés intéressant en documents originaux.
Le chartrier du couvent de Sainte Claire fondé au XI Ve siècle a Echternach
n est pas bien riche, mais il contient une chronique locale trés importante.
Citons encore l'abbaye de Hosingen dans le Nord du pays, les Recollets a
Luxembourg, a Diekirch et a Troisvierges et les Trinitaires a Vianden.
La ville de Luxembourg a été dotée de plusieurs établissements religieux:
l'abbaye de Bonnevoie, le Couvent des Dominicains, le Couvent du St Esprit
et l'abbaye de Munster ou de Notre Dame de Luxembourg. Cette dernière
ctait sans doute l'établissement le plus important de la ville. Fondée en 1083
par le Comte Conrad Ier, elle joua un röle de premier plan dans l'histoire
de notre pays.
A cöté de ces archives, nos dépots contiennent encore des fonds d'établisse-
ments étrangers au pays actuel, mais qui faisaient jadis partie du duché de
Luxembourg. Ce sont: Saint-Hubert, Orval et Clairefontaine. Tous ces établisse
ments disposaient de refuges dans la ville de Luxembourg y compris Saint-Maxi-
min de Trèves.
Le Collége des Jésuites était fréquenté par des élèves de tout le duché de
Luxembourg et des pays limitrophes.
Les Archives de Luxembourg possèdent surtout des pièces concernant les
propriétés et les affaires temporedes de la maison des pères Jésuites.
Dans les dossiers de ces anciennes maisons religieuses, on trouve des chartes
de donation, des actes de privilège de la part du pape ou des souverains, mais
surtout des terriers, des dénombrements et des inventaires de biens et des
revenus, des procés verbaux d'élections abbatiales et autres.
Comme ces couvents avaient de nombreuses possessions féodales, dissémi-
nées a travers tout le Luxembourg et les pays limitrophes, leurs papiers et
documents contiennent de nombreux renseignements sur l'histoire locale et
même sur l'histoire sociale.
Un petit censier, connu sous la désignation „Cartulaire de l'abbé Bertels",
conqu vers la fin du 16e siècle, est d'un mtérêt particulier en raison des
illustrations en couleur, qui nous montrent l'aspect de nombreux villages
luxembourgeois a cette époque. Les textes qui les accompagnent constituent
un commentaire trés important pour l'histoire du Luxembourg, publiée par
Bertels en 1595 (1605). Peut-être les dessins ont-ils été tracés par la main
même de l'auteur.
Des cartes figuratives contenues dans ces dossiers montrent la situation
topographique des biens et donnent souvent des renseignements précieux sur
l agriculture de notre pays.
2. Fonds du Conseil Provincial.
Le „Conseil de Sa Majesté ez pays Duché de Luxembourg et Comté de
Chiny", appelé Conseil Provincial, malgré sa dépendance du gouvernement
central de Bruxelles, fonctionnait en qualiité d'autorité supérieure et de
Cour d'Appel pour le pays de Luxembourg. II était la clef de voüte de l'admi-
nistration de tuot le pays. Sa compétence s'étendait depuis le Meuse jusqu' au
dela de la Moselle et depuis St. Vith jusqu' aux portes de Metz. Sa con
stitution remonte au XlIIe siècle. II fut créé par la Comtesse Ermesinde.
Réformé en 1444 par Philippe de Bourgogne, il fut complètement réorganisé