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En 1815, le Congrès de Vienne érigea landen duché de Luxembourg en
Grand-Duche sous la souveraineté personnelle du roi des Pays-Bas, Guil
laume Ier, en tant que pays autonome de la Confédération germanique.
Lelan national paralysé pendant des siècles prit un essor considérable
sous 1 égide des rois des Pays-Bas. C'est précisèment sous le règne de
Guillaume II qu un vrai régime représentatif se développa. La situation quelque
peu confuse qui régnait auparavant cessa avec l'octroi d'une constitution.
Le régime d'union personnelle prit fin avec la mort de Guillaume III,
dernier représentant de la ligne masculine de la Maison d'Orange-Nassau. La
couronne du Grand-Duché, en vertu du pacte de familie de Nassau de 1783
et de l'article 3 de la Constitution luxembourgeoise, passa a la branche aïnée
walramienne de la Maison de Nassau-Weilbourg.
La petite-fille d Adolphe de Nassau, Charlotte de Luxembourg, est l'actuelle
Souveraine régnante du Grand-Duché.
Les souvenirs des temps passés sous le sceptre des rois des Pays-Bas restent
vivants au Luxembourg, et notamment celui des nobles figures du Prince Henri
et de son épouse Amélie de Saxe-Weimar.
II. HISTORIQUE DES ARCHIVES.
Au cours des premiers siècles de notre histoire longue et mouvementée se
constituait une documentation riche et intéressante a la fois, se rapportant
aux faits et gestes de nos souverains. Cette documentation reflète l'histoire
e nos régions, de nos institutions, de nos fondations religieuses et surtout
de lactivité de nos souverains. Elle montre en outre le röle qu'ont joué les
descendants de cette illustre maison seigneuriale sur le plan de la politique
internationale.
La conquête bourguignonne marque la fin de l'épanouissement de notre
souveraineté nationale.
Devenu simple province de la Maison d'Habsbourg; le Luxembourg eut
beaucoup a souffrir des rivalités survenues entre Louis XI et Maximilien,
Francois Ier et Charles-Quint, Louis XIV et l'Empereur Léopold. II va sans
dire qu a la suite de ces conflits, de nombreux documents trés précieux pour
1 histoire de notre passé ont êté détruits ou perdus.
Les origines des Archives remontent au temps des comtes de Luxembourg,
es comprennent des documents relatifs au comté, puis duché, a l'ancienne
administration provinciale et départementale, pour le XlXe siècle au gouver
nement des rois des Pays-Bas et pour le XXe siècle au règne de notre
dynastie nationale.
Les dépöts contiennent en outre de nombreux fonds de seigneuries et de
justices, d'abbayes et de couvents, de localités et de families. Ces documents
reflètent, pour autant qu il survit par l'écriture, le passé de notre peuple
sous les aspects les plus divers, politique et militaire, culturel et religieux,
économique et social.
A. Le Chartrier des comtes de Luxembourg.
Une grande partie des chartes des comtes et dues de Luxembourg sont
conservées aux Archives générales a Bruxelles; elles ont fait l'objet d'un
inventaire détaillé par Alphonse Verkooren, dont M. Marcel Bourguignon
Conservateur aux Archives de l'Etat a Arlon, a écrit l'introduction.
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Cette collection forme la base de la documentation sur le passé de notre
pays. Les origines ne se laissent pas définir avec précision. Le plus ancien
document ne remonte pas au dela du Xlle siècle.
Van Werveke a consacré au mème sujet un travail, intitulé: „Etude sur
les chartes luxembourgeoises du Moyen age."
Depuis ses débuts, le chartrier fut conservé pendant quelques siècles au
chateau de nos comtes. La durée du dépot des chartes au chateau ne saurait
être précisée. On sait seulement qu'elles ont été trouvées dans un trés mauvais
état dans la salie des Archives aprés le siège de la ville par le due de Bour
gogne, en 1443.
II résulte cependant d anciens textes que pendant les guerres entre Francois
Ier et Charles-Quint en 1542, le chartrier fut enlevé de Luxembourg pour
être déposé au Trésor des Chartes du chateau de Vilvorde en Brabant.
En effet, les détails que ces textes mentionnent, correspondent aux événe-
ments de l'époque. En 1542, la ville de Luxembourg était menacée par un
siège. Instruit par la cruelle experience faite au temps de Philippe de Bour
gogne, l'empereur voulait mettre en süreté la précieuse documentation a
Vilvorde
Un cartulaire contenant des copies des chartes fut établi et mis a la dis
position du Conseil de Luxembourg. Ce volume, connu sous le nom de „Grand
Volume", existe toujours a Luxembourg.
Aprés avoir changé de place a deux reprises, le chartrier luxembourgeois
fut définitivement déposé a la Chambre des Comptes a Bruxelles.
Le président du Conseil et garde des chartes du Luxembourg J. Benninck
se chargea de l'inventorisation de ce fonds. Sous le gouvernement des Archiducs
enfin, les documents furent copiés en 4 volumes, appelés tomes des chartes",
qui sont conservés actuellement aux Archives générales a Bruxelles. Trois
de ces volumes sont conservés en copie aux Archives de Luxembourg.
Malheureusement, lors de la conquête des Pays-Bas par Louis XV, en 1747,
nombre de documents du fonds de la Chambre des Comptes furent confisqués
par les Francais et transportés a Lille. II s'agit de documents se rapportant
aux territories cédés a la France en vertu du Traité des Pyrénées de 1659.
Le Traité des Limites de 1769, signé entre Louis XV et Marie-Thérèse
décrète par son article 38 la restitution réciproque d'archives. Mais les
opérations ne furent pas exécutées dans la même mesure des deux cötés.
En 1794, les Autrichiens, aprés de bataille de Fleurus abandonnèrent défini
tivement Bruxelles et emportèrent d'abord a Wesel, siège d'un semblant de
gouvernement, puis a Vienne, 400 caisses de documents, parmi lesquels les
chartes du Luxembourg. En vertu du Traité de Campo Formio de 1797 et
du Congrès de Vienne de 1815, l'Autriche fut obligée de restituer beaucoup
de documents aux Pays-Bas.
Pendant un demi-siècle, les chartes restèrent aux Archives impériales a
Vienne. Ce ne fut qu'en 1865 que la plupart des chartes luxembourgeoises
reprirent le chemin de Bruxelles.
En 1889, le Gouvernement luxembourgeois rèclama auprès du Gouver
nement autrichien le reste de ses documents qui n'avaient pas été remis a la
Belgique. 220 chartes furent rapatriées au cours de la même année. Ces
documents forment avec les cartulaires des copies des chartes la section
spéciale de la période ancienne de notre dépöt.