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l'ancien duché et grand-duché actuel; la diversité des résidences les prédestinait
a devenir les interprêtes de la population tout entière.
Tous leurs actes ont été passés entre 1612 et 1890. Le nombre total des
minutes, malaisé a fixer, s'élèvera a quelque 300 mille.
En dehors de ce fonds, l'époque ancienne et le territoire afférent étaient
desservis par prés d une centaine d'autres notaires dont on ne connaït plus
que les noms, mentionnés soit dans les actes du Conseil Provincial, soit dans
les placets accordés aux candidats notaires ou encore dans les minutes de leurs
collègues. Encore faut-il signaler que ces protocoles peuvent présenter des
lacunes qui s'étendent parfois sur des années entières.
Les minutes peuvent être réparties en deux catégories. La première contient
des procurations a l'effet d'introduire des procés; ceux-ci pouvaient être in-
tentés par des particuliers ou des collectivités. Dans ce dernier cas l'ensemble
des commettants devait ou signer ou marquer l'acte de commission. II s'ensuit
d'abord, que les milliers de pièces de ce genre sont aujourd'hui de réels
dénombrements qui énumèrent pour presque chaque localité et pour au moins
chaque dizaine d'années du 17e siècle et du 18e siècle, les chefs de ménages
vivants. ce qui est fort précieux, étant donné que les registres paroissiaux de
cette époque font défaut un peu partout.
La seconde catégorie avait plutöt pour but d'obvier aux procés futurs en
fixant par écrit les droits et les devoirs des deux comparants. Elle comprend
les lots importants d'obligations, de transactions sur immeubles et surtout des
contrats anténuptiaux. Jadis l'époux forain admis comme gendre dans une
vouerie perdait son nom patronymique pour ne porter désormais plus que
celui de la vouerie; aussi les registres paroissiaux n'indiquent-ils malheureuse-
ment que celui-ci. Or les contrats nuptiaux passés pardevant les notaires
donnent toujours l'ascendance compléte des deux mariés ainsi que le nom
de la vouerie dans laquelle le jeune ménage allait être re?u héréditairement.
Ces actes fournissent a bon nombre de nos compatriotes des indications utiles
sur leur ascendance et une série authentique des détenteurs de nos anciennes
voueries.
Puis il faut relever que beaucoup d'anciens chateaux et d'anciennes voueries,
ainsi que leurs terres respectives, sont minutieusement décrits en affirmant
que ceux-ci contiennent des milliers de lieux-dits que le langage actuel ne
connaït plus et qui méritent d'être recueillis dans des études toponymiques
spéciales. II convient de citer également les engagements d'instituteurs, l'adju-
dication d'écoles ou d'églises a construire, les contrats concernant la fonte des
cloches, ou la fourniture d'horloges, les nombreux plaids annaux, voire les
records de justice et les records synodaux qu'on est en train de dépouiller.
Et, pour en finir, on ne saurait souligner assez qu'il est absolument impossible
d'écrire l'histoire des seigneuries de l'ancien duché sans avoir recours aux
notaires. La désagrégation des authentiques seigneuries du haut moyen age
s'est opérée précisément au 17e et au 18e siècle et e est la main des notaires
qui a tracé les phases successives de ce déclin. Cela est vrai a tel point que
les histoires de ces seigneuries, sans le recours aux notaires risquent de rester,
étriquées dés qu'elles viennent a traiter les deux siècles mentionnés ci-dessus.
Quant a la foison des seigneuries nouvelles que l'Etat appauvri créait de toutes
pièces pour les vendre a prix d'écu vers la fin du 17e et le long du 18e siècle,
aucune d'entre elles n a pu avoir, jusqu'a ce jour, une histoire écrite, puisque
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leur histoire a toutes est enfouie toute entière dans les protocoles des notaires.
Jusqu'a présent seul Van Werveke avait entamé une étude systématique du
Fonds des Notaires.
Malheureusement, a défaut de temps, il n'a pu analyser que 40 protocoles
entiers, encore a-t-il dü comprimer, pour en arriver la, chacune de ces analyses
dans six simples mots, savoir: la langue de l'acte, le numéro, la date. les noms
des deux parties et l'objet.
II en résulte done que la vie bourgeoise et rurale se déroulait en secret dans
l'étude du notaire, qui apprit par la nature de ses fonctions tout ce qui se
passait dans le village, le bourg et la ville. On comprend que l'auteur de
l'oeuvre magistrale: ,,Essai de l'histoire du duché de Luxembourg et comté de
Chiny" fut un notaire de la capitale, Jean Francois Pierret. Dans cinq gros
volumes il traite l'histoire générale et en consacre deux a la description des
villes, bourgs, monastères et principaux couvents, chateaux, comtés, prévótés,
seigneuries, mairies avec les lieux et les villages qui en dépendent. Les parties
II et III sont done une mine par rapport a l'histoire de nos localités et des
families seigneuriales de nos régions.
Le minutier des notaires s'accroït régulièrement par les dépots des minutes
ayant plus de 60 ans d age.
22. Fonds des Chartes et Titres divers.
Le fonds des Chartes et Titres divers qui s est constitué peu a peu de dons
généreux de provenance diverse, est un fonds de documents de toutes sortes
d'ordre purement local et familial. lis sont groupés par localités. Cette collec
tion présente done un complément trés sèrieux aux renseignements locaux
qu'on peut trouver dans les autres fonds.
23. Fonds des Seigneuries et des Families.
Parmi les fonds historiques de l'ancien régime citons encore ceux des
anciennes seigneuries et families seigneuriales du pays.
lis forment des collections plus ou moins complètes a travers tous les siècles
se rapportant particulièrement aux territoires de ces seigneuries et aux localités
afférentes. Mais la connaissance de ces documents ne suffit pas pour écrire
l'histoire de telle ou telle localité, il faut avoir recours aux documents faisant
partie des fonds énumérés plus haut.
Le Comté de Vianden est représenté par une documentation, plus ou moins
importante. A cöte d un certain nombre de chartes et de titres divers, le fonds
contient des cartulaires ou livres de fief relatifs aux biens du comté, des
registres des dimes, eens et rentes, des comptes de la cellerie et des comptes
généraux. Le plus ancien document remonte a 1248. le compte le plus récent
est de 1706.
Le fonds de la Seigneurie de Rodenmacher, dont le territoire fut longtemps
un objet de contestation entre la France et le Luxembourg, contient des docu
ments originaux de 1250 a 1790. Des inventaires et reliefs, ainsi que des
comptes pour plusieurs localités complètent cette collection de documents.
Un fonds important pour l'histoire locale est celui de la Seigneurie de Betz-
dorf. On y trouve des parchemins datant du milieu du 13e siècle, munis de
sceaux bien conservés. Des records de justice, des actes d'échange et de vente
et d'autres nous font connaïtre l'importance de cette seigneurie.