194 l'ancien duché et grand-duché actuel; la diversité des résidences les prédestinait a devenir les interprêtes de la population tout entière. Tous leurs actes ont été passés entre 1612 et 1890. Le nombre total des minutes, malaisé a fixer, s'élèvera a quelque 300 mille. En dehors de ce fonds, l'époque ancienne et le territoire afférent étaient desservis par prés d une centaine d'autres notaires dont on ne connaït plus que les noms, mentionnés soit dans les actes du Conseil Provincial, soit dans les placets accordés aux candidats notaires ou encore dans les minutes de leurs collègues. Encore faut-il signaler que ces protocoles peuvent présenter des lacunes qui s'étendent parfois sur des années entières. Les minutes peuvent être réparties en deux catégories. La première contient des procurations a l'effet d'introduire des procés; ceux-ci pouvaient être in- tentés par des particuliers ou des collectivités. Dans ce dernier cas l'ensemble des commettants devait ou signer ou marquer l'acte de commission. II s'ensuit d'abord, que les milliers de pièces de ce genre sont aujourd'hui de réels dénombrements qui énumèrent pour presque chaque localité et pour au moins chaque dizaine d'années du 17e siècle et du 18e siècle, les chefs de ménages vivants. ce qui est fort précieux, étant donné que les registres paroissiaux de cette époque font défaut un peu partout. La seconde catégorie avait plutöt pour but d'obvier aux procés futurs en fixant par écrit les droits et les devoirs des deux comparants. Elle comprend les lots importants d'obligations, de transactions sur immeubles et surtout des contrats anténuptiaux. Jadis l'époux forain admis comme gendre dans une vouerie perdait son nom patronymique pour ne porter désormais plus que celui de la vouerie; aussi les registres paroissiaux n'indiquent-ils malheureuse- ment que celui-ci. Or les contrats nuptiaux passés pardevant les notaires donnent toujours l'ascendance compléte des deux mariés ainsi que le nom de la vouerie dans laquelle le jeune ménage allait être re?u héréditairement. Ces actes fournissent a bon nombre de nos compatriotes des indications utiles sur leur ascendance et une série authentique des détenteurs de nos anciennes voueries. Puis il faut relever que beaucoup d'anciens chateaux et d'anciennes voueries, ainsi que leurs terres respectives, sont minutieusement décrits en affirmant que ceux-ci contiennent des milliers de lieux-dits que le langage actuel ne connaït plus et qui méritent d'être recueillis dans des études toponymiques spéciales. II convient de citer également les engagements d'instituteurs, l'adju- dication d'écoles ou d'églises a construire, les contrats concernant la fonte des cloches, ou la fourniture d'horloges, les nombreux plaids annaux, voire les records de justice et les records synodaux qu'on est en train de dépouiller. Et, pour en finir, on ne saurait souligner assez qu'il est absolument impossible d'écrire l'histoire des seigneuries de l'ancien duché sans avoir recours aux notaires. La désagrégation des authentiques seigneuries du haut moyen age s'est opérée précisément au 17e et au 18e siècle et e est la main des notaires qui a tracé les phases successives de ce déclin. Cela est vrai a tel point que les histoires de ces seigneuries, sans le recours aux notaires risquent de rester, étriquées dés qu'elles viennent a traiter les deux siècles mentionnés ci-dessus. Quant a la foison des seigneuries nouvelles que l'Etat appauvri créait de toutes pièces pour les vendre a prix d'écu vers la fin du 17e et le long du 18e siècle, aucune d'entre elles n a pu avoir, jusqu'a ce jour, une histoire écrite, puisque 195 leur histoire a toutes est enfouie toute entière dans les protocoles des notaires. Jusqu'a présent seul Van Werveke avait entamé une étude systématique du Fonds des Notaires. Malheureusement, a défaut de temps, il n'a pu analyser que 40 protocoles entiers, encore a-t-il dü comprimer, pour en arriver la, chacune de ces analyses dans six simples mots, savoir: la langue de l'acte, le numéro, la date. les noms des deux parties et l'objet. II en résulte done que la vie bourgeoise et rurale se déroulait en secret dans l'étude du notaire, qui apprit par la nature de ses fonctions tout ce qui se passait dans le village, le bourg et la ville. On comprend que l'auteur de l'oeuvre magistrale: ,,Essai de l'histoire du duché de Luxembourg et comté de Chiny" fut un notaire de la capitale, Jean Francois Pierret. Dans cinq gros volumes il traite l'histoire générale et en consacre deux a la description des villes, bourgs, monastères et principaux couvents, chateaux, comtés, prévótés, seigneuries, mairies avec les lieux et les villages qui en dépendent. Les parties II et III sont done une mine par rapport a l'histoire de nos localités et des families seigneuriales de nos régions. Le minutier des notaires s'accroït régulièrement par les dépots des minutes ayant plus de 60 ans d age. 22. Fonds des Chartes et Titres divers. Le fonds des Chartes et Titres divers qui s est constitué peu a peu de dons généreux de provenance diverse, est un fonds de documents de toutes sortes d'ordre purement local et familial. lis sont groupés par localités. Cette collec tion présente done un complément trés sèrieux aux renseignements locaux qu'on peut trouver dans les autres fonds. 23. Fonds des Seigneuries et des Families. Parmi les fonds historiques de l'ancien régime citons encore ceux des anciennes seigneuries et families seigneuriales du pays. lis forment des collections plus ou moins complètes a travers tous les siècles se rapportant particulièrement aux territoires de ces seigneuries et aux localités afférentes. Mais la connaissance de ces documents ne suffit pas pour écrire l'histoire de telle ou telle localité, il faut avoir recours aux documents faisant partie des fonds énumérés plus haut. Le Comté de Vianden est représenté par une documentation, plus ou moins importante. A cöte d un certain nombre de chartes et de titres divers, le fonds contient des cartulaires ou livres de fief relatifs aux biens du comté, des registres des dimes, eens et rentes, des comptes de la cellerie et des comptes généraux. Le plus ancien document remonte a 1248. le compte le plus récent est de 1706. Le fonds de la Seigneurie de Rodenmacher, dont le territoire fut longtemps un objet de contestation entre la France et le Luxembourg, contient des docu ments originaux de 1250 a 1790. Des inventaires et reliefs, ainsi que des comptes pour plusieurs localités complètent cette collection de documents. Un fonds important pour l'histoire locale est celui de la Seigneurie de Betz- dorf. On y trouve des parchemins datant du milieu du 13e siècle, munis de sceaux bien conservés. Des records de justice, des actes d'échange et de vente et d'autres nous font connaïtre l'importance de cette seigneurie.

Periodiekviewer Koninklijke Vereniging van Archivarissen

Nederlandsch Archievenblad | 1960 | | pagina 10