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pratiques. Toutes les forces disponibles ont été appelées a donner
des cours, dont le programme était vaste et touffu. L- était I époque
ou le caractère vague de 1'esprit slave triomphait entièrement. La
première griserie des libertés acquises n etant pas encore dissipée,
des plans grandioses étaient a l'ordre du iour; beaucoup brula.ent
du désir d'apprendre, d'autres de communiquer librement leurs
connaissances et leurs idees aux masses.
La première école d'archivistes, fondée a cette époque, se
ressentit assez naturellement de eet état des esprits. En outre le déve-
loppement presque nul des connaissances archivéconomiques dans
l'ancienne Russie formait un obstacle sérieux a l'élaboration d'un
programme, ou toutes les sciences les plus importantes auraient
été incorporées dans des cadres stricts et restreints. Chacun donnait
ce qu'il savait, ces connaissances n etant pas touiours ni complètes,
ni systématiques. D'ailleurs les livres nécessaires manquaient souvent,
car les bibliothèques montraient des lacunes regrettables 1 egard
de ces questions qui n'avaient intéressées presque personne. Cependant
la bonne volonté et l'enthousiasme triomphèrent de tous ces incon-
vénients et l'effort fut certainement utile et considérable. Si eet
effort peut être critiqué au point de vue pédagogique, il offre une
étape marquée et utile au point de vue archivéconomique.
Trois livres en sont le résultat. Parus en 1920 sous le titre
général de „Cours d'archives" (Arkhivnye koursy) en un petit nombre
d'exemplaires, ils ne sont plus en vente, comme tant d'autres livres
de cette époque, lis méritent pourtant d'etre signalés aux archivistes.
Le livre 1 est une collection de cours de différents professeurs
qui s'étaient partagé la tache de donner aux éleves de 1 Ecole
quelques connaissances sur les archives en Europe. è,et essai
me semble unique dans son genre, nous trouvons: 1). Les archives
de l'antiquité par C. F. Tseretelli; 2). les archives francaises d'avant
la révolution par O. A. Dobiach-Roidestvensky3) les archives franchises
modernes par E. V. Tarlé; 4) l'Ecole des Chartes par Inna Lubimenko;
5). les archives anciennes et modernes de la Urande Bretagne par
Inna Lubimenko; 6). les archives d Allemagne et d Autriche par M. A.
Polievktov et 8). les archives de 1'Orient musuiman par V. V. Bartold.
Le tout est intéressant, contenant beaucoup de renseignemts,
d'idées, d'impressions, écrit non par des archivistes, mais par des
historiens ayant travaillé aux archives. Ces cours, s adressant a de
futurs archivistes, négligeaient souvent les détails techniques et le
cóté administratif, ce qu'on peut leur reprocher; maïs ïl faut se rappeler
que les renseignements manquaient souvent et que les historiens seuls
en Russie connaissaient les archives des autres pays, tandis que la
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plupart des archivistes russes ne les avaient jamais visités. Comme
tous les professeurs de ces cours étaient des historiens, les archives
ont été considérées par eux surtout comme des laboratoires historiques,
et ce point de vue a aussi son intérêt; les archivistes compétents
y trouveront certainement des aperpus et des réflexions intéressantes.
A l'auditoire peu préparé, devant lequel ces cours avaient eu lieu, ils
ont, en tout cas, ouvert de nouveaux horizons, en donnant une idéé
plus large de son champ d'action, et cela était important, puisque ces
fonctionnaires étaient trop souvent enclins a considérer leurs archives
comme de simples bureaux d'administration.
Le livre II est un essai sur l'histoire des archives russes par
I. L, Maiakovsky d'une importance réelle paree que cette question
avait été fort peu traitée jusque la. II donne une longue étude des
archives de la vieille Moscovie, montre I'influence des réformes
de Pierre le Grand au commencement du XVIlIe siècle. Ensuite vient
un aperpu assez bref de l'état des archives dans la Russie des tsars.
La critique aiguisée contre le régime bureaucratique qu'on venait de
renverser, a été certainement cause que, a cóté d'une analyse trés
juste des défauts, les résultats positifs acquis n'ont presque pas éte
signalés et que l'effort des „commissions archéographiques" a été
peu relevé. Cependant il était peut-être juste d'insister tout d'abord
sur ce qui demandait a être amélioré et réformé.
Le livre III enfin est un cours de diplomatique d'actes privés
russes, rédigé par l'éminent académicien A. S. Larpo-Danilevsky, mort
peu de temps après sa publication dans la force de son activité
scientifique. Ce cours trop spécial et trop difficile pour la plupart
des élèves peu préparés, est un cours de haut intérêt pour les
étudiants en histoire. D'autres cours ont été faits par des archivistes
éminents: en paléographie, diplomatique, héraldique, sur l'organisation
des archives etc.; malheureusement ces cours n'ont pas pu être publiés.
Les derniers mois furent consacrés a des travaux pratiques.
II est assez difficile de donner une appréciation exacte des
résultats de cette première tentative d'enseignement scientifique
d'archivistes. Le nombre des élèves a été assez considérableplus
de 50 ont terminé ces études; il est probable cependant que pour
beaucoup d'eux eet enseignement, trop étendu et quelque peu théorique,
ait été une nourriture difficilement digérable, surtout dans la durée
d'un seul hiver. Et puis l'auditoire était extrèmement divergent. Des
viellards chauves ou gris-vieux fonctionnaires d'archives, venus parfois
du fond de la province, de jeunes étudiants universitaires, ainsi que
des hommes ayant terminé leur instruction supérieure et des dilettants
des deux sexes s'y trouvaient cóte a cóte, ce qui causait beaucoup de