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L'organisation des archives dans la Russie des Sovets,
d'après les données officielles.
par Inna Lubimenko, Docteur de l'Université de Paris, et Archiviste
a Leningrad.
L acte juridique qui proclama la centralisation des archives dans
la république des Sovets est daté du 1 juin 1918 (coll. de lois, 1918,
N. 40, p. 514). Parmi ses douze paragraphes il faut noter surtout les
suivants
1, énongant ia suppression de l'existance indépendante des
archives de différents ministères et administrations, tous leurs docu
ments se trouvant incorpores dans Ie „Fonds Unique des Archives
de 1 Etat (Ediny Gosoudarstvenny Arkhivny Fond).
2, créant un nouvel organe administratif „l'Administration prin
cipale des Archives".
3, ordönnant d incorporer tous les dossiers des différentes
administrations, termines avant le 25 octobre (vieux style) jour de
la révolution d octobre, au „Fonds Unique des Archives de l'Etat".
5, portant défense a toutes les administrations de supprimer
les papiers inutiles sans une autorisation ecrite de „l'Administration
principale des Archives".
F, declarant la centralisation matérielle des différents fonds
désirable.
8, plagant la nouvelle Administration des Archives sous la
dependance du Commissariat de l'Instruction du peuple.
Par eet acte fut creee la centralisation des archives russes,
recommandee depuis plus d un quart de siècle par des hommes com
pétents, mais constamment remise grace a l'opposition de différents
ministères. En Russie, comme en France, la centralisation fut done
1 oeuvre de Ia révolution.
El Ie fut d abord uniquement administrative, la centralisation maté
rielle des fonds étant dans les premières années impossible, car on
manquait de moyens de transport, ainsi que d argent nécessaire pour
aménager un nouveau batiment.
On sait d ailleurs que Ia centralisation topographique a été partout
Ie cóté le plus difficile et même le plus problématique dans Ia politique
de centralisation; il suffit de rappeler qu elle n'a pu être réalisée
dans aucun des grands états, et même Ia centralisation administrative
n'a pas été toujours menée jusqu' au bout. A Paris, par exemple, on
trouve les Archives du Ministère des Affaires Etrangères et celles de
la Marine non incorporées aux Archives Nationales et ayant même
une administiation independante. Le „Public Record Office' de Londres
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s'éfforce d'arrêter, faute de place, les nouveaux versements des fonds
départementaux. L'Allemagne, tout en créant les „Archives du Reich
a Potsdam, a conservé intacts les archives des différents états,
(Landesarchive). II faut done reconnaitre que, si la centralisation ad
ministrative a éte en general un element de progres, la centralisation
topographique, preconisee d abord avec enthousiasme, s est montree
souvent comme une leurre.
Dans un état aussi vaste et aussi bureaucratique que l'empire
des tsars, la quantité de dossiers, restés après son écroulement dans
tous les ministères, ne pouvait être qu' énorme. Le nombre des unités
atteint d'après les dernières données statistiques 20 millions a Moscou
et 16 millions a Léningrad. C'est que beaucoup de fonds du XVlIle
siècle avaient été relégués a Moscou avec ceux de l'époque anté-
rieure, pour faire place aux documents du XlXe siècle; et d autres
fonds avaient été apportés la bien après la révolution du fond de
la province. La centralisation est comprise ici, comme en France et
en Allemagne, dans le sens Ie plus large, contenant non seulement,
comme au Public Record Office, les papiers gardes par les fonds
administratifs, mais aussi des documents privés, rassemblés en grand
nombre depuis la révolution.
L'Administration Principale des Archives, qui eut son siege
d'abord a Léningrad, puis a Moscou jugea en 1921 comme une tache
difficile, mais nécessaire d'inclure dans un cadre général de classi
fication cette masse énorme de documents, tout en les laissant sur
place et en respectant, bien entendu, 1 intégrité des anciens fonds et
le principe de provenance.
Ou crut possible de classer tout ce matériel en cinq sections:
savoir: 1) politique, 2) juridique, 3) économique, 4) d histoire de culture
et 5) militaire et navale. A leur tour elles furent, divisées en depar-
tements, formées souvent a Leningrad par les archives des différents
ministères ou institutions. La section economique par exemple réunit
les archives des anciens ministères de I Agriculture, des Finances, du
Commerce, des Transports; la section juridique celles du Conseil
d'Etat, du Sénat, du Ministère de Justice, du Ministère de 1 Intérieur.
Dans la section de l'histoire de culture furent incorporées d une part
les Archives du Ministère de l'Instruction et de différents établisse-
ments d'enseignement, d'autre part les Archives du Saint Synode,
contenant l'histoire de l'église orthodoxe, considerée comme élement
de culture. Mais en outre on y concentra aussi des archives privées,
abandonnées ou confisquées dans des palais et des maisons de cam
pagne, de même que des documents concernant la littérature, le
journalisme et les arts. La section politique n eut qu un département