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par des institutions autonomes, des comités régionaux, quelquefois
par des villes. En outre, il y avait quelques archives privées, a
Trebon (Wittingau) et a Roudnice (Raudnitz), par exemple, et c'est
tout pour les archives de cette époque. Surtout, il n'existait pas
d'archives organisées du souverain du pays. Sans doute il y avait
des dépots de registres du souverain, plus riches par I'importance
de leur contenu que les archives régionales nouvellement fondées,
mais il n'étaient point organisés comme archives, sous une direction
spéciale. L'administration souveraine se tenait a l'écart, bien qu'elle fut
précisément détentrice des fonds d'archives les plus riches et les plus
considérables. La conduite des diverses régions du pays quand elles
fondaient des archives est chose toute naturelle, si l'on se souvient que
l'autonomie du pays était le véhicule de sa conscience nationale et
politique, et c'est pour ce motif qu'elle soutenait toute action tendant
a établir la preuve scientifique d'une vieille culture propre a la nation.
L'administration de l'Etat tolérait au début les efforts de ce genre;
eiie n'y mettait pas d'obstacles, au contraire, tant que ces efforts
s'accordèrent avec les circonstances et la ligne politique qu'elle
suivait, elle les favorisait même. Plus tard, l'année 1848 marque
la limite, quand le mouvement national, qui n'avait montré d'abord
que l'aspect de la culture, se révéla comme un mouvement politique,
dont les conséquences ne pouvaient s'harmoniser avec 1'orientation
politique de l'administration, celle-ci dressa contre le mouvement une
opposition vigoureuseelle multiplia les obstacles et lui barra la route.
Toutes ces archives fondées par les administrations autonomes
sont des établissements scientifiques servant aux recherches historiques
locales. Ce ne sont point des archives au vrai sens du mot, a l'excep-
tion des archives municipales de Prague, bien que ces dernières
aient d'abord joué plutót le róle d'établissement scientifique régional
que celui d'archives proprement dites. En tant que dépots d'archives,
les archives régionales ont souffert, au début, bien plus du manque
de documents que du manque de place. Les documents provenant
du fonctionnement régulier des institutions autonomes sont de date
relativement récente. En Bohème, ils ne remontent pas au-dela de
l'année 1714, et quelques dizaines d'années plus tót en Moravie.
11 était done tout naturel que les archives régionales étendissent
leur action a d'autres collections de pièces relatives a l'histoire du
pays et qui ne provenaient pas de l'activité des administrations
autonomes. C'étaient en premier lieu les archives du gouvernement,
dont l'administration autrichienne, après diverses tentatives d'orga-
nisation centralisatrice des archives d'Autriche, qui avaient toutes
échoué, avait fini par se désintéresser. Les archives régionales
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réussirent en partie dans leur entreprise, en Moravie par exemple, oil
Ies archives de la province purent rassembler non seulement les
collections de l'administration autonome, mais encore presque inté-
gralement celles des administrations souveraine, politique et judiciaire
(les parties les plus anciennes des vieux registres de gouvernement
de Moravie, avec les registres et archives des couvents dissous, qui
n'avaient pas été transférés a Vienne, le nobiliaire de Moravie en
grande partie, etc.) Au contraire, les archives régionales de Bohème
ne purent jamais parvenir a rassembler les collections relatives a
l'histoire de la Bohème dans un aussi grand nombre que I'avaient
fait les archives moraves. L'administration impériale leur remit en
1884, a titre de co-propriété, la partie des anciennes archives de
l'Etat de Bohème que Rosenthal n'avait pas transférée de Prague a
Vienne en 1749. Elle leur avait également livré en 1869 les petites
archives des états, c'est a dire la partie du nobiliaire qui contient les
inscriptions ayant un caractère de droit public, avec les lettres renver-
sales et déclaratives de la noblesse, une partie du cadastre du terri-
toire, de vieux registres des biens fonciers gardés jusqu alors aux
greffes des trubinaux d'arrondissement etc. Mais elle refusa d accéder
a leur demande quant a la remise du nobiliaire de Bohème et de la
partie la plus ancienne des archives du gouvernement de Prague qui
se rapportait aux affaires des états. La différence du traitement
appliqué aux archives régionales en Bohème et en Moravie ne peut
s'expliquer que par le fait qu'en Bohème l'administration autonome
appartenait a une majorité tcheque, tandis qu en Moravie elle etait
tenue par l'administration de l'Etat sous la dépendance d une majorité
allemande.
L'organisation des archives de l'Etat autrichien dans les dernières
années du XIXe siècle a enlevé aux archives autonomes la possibilité
d'enrichir leur contenu des collections de l'administration impériale.
L'administration de l'Etat autrichien, imbue des idéés de centralisation du
Conseil des archives de Vienne, avait décidée que le soin des archives
de l'Empire lui appartenait exclusivement, et que dans ce domaine,
elle ne souffrirait aucune concurrance des archives autonomes.
En conséquence, les archives autonomes durent chercher un
nouveau champ d'activité qui leur était propre. Elles le trouvèrent
dans les archives locales. Ce changement d'orientation date du début
du XXe siècle, oü la direction des archives autonomes commenga
a s'occuper théorétiquement d'abord de l'organisation des archives
des villes et de la protection de leurs documents. En pratique, les
efforts des archives autonomes n'ont pas obtenu jusqu'ici de bien
grands résultats, hormis la creation d'un embryon d'organisation