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d archives organiquement constitués. II fut alors prescrit aux juridic-
t.ons d.ssoutes de remettre les livres et actes relatifs a I'administration
politique et jud.c.a.re aux greffes des instances politiques et judiciaires
nouvellement organisées^ par le souverain. II est naturel que cette
remise de documents n a pu se faire non plus sans une dislocation
violente des collections constituées, ni sans la perte d'une bonne
part.e de leur contenu.^ Le système de centralisation de I'Etat atteignit
a peu pres vers la même époque les fonds vénérables des archives
slovaques.
La reorganisation de I'administration publique hongroise, en 1723,
donna le signal de la fondation des archives du territoire hongroisï
mbue de theories romantico-scientifiques sur le principe que les
archives doivent être des établissements de recherches scientifiques,
I administration des archives hongroises s'efforga de rassembler dans
ses depots les matériaux les plus précieux de l'histoire de la Hongrie.
eet effet, elle ne recula pas devant les atteintes les plus dénuées
de respect aux vieux fonds des registres provinciaux de I'admini
stration slovaque. Elle y fut excitée surtout par l'orgueil soulevé
en Hongrie apres le compromis de 1867, qui lui avait rendu le pouvoir
politique. Des lors, la Hongrie s'efforgait d'accumuler a Budapest
des temoignages écrits de l'ancienne culture, afin de les faire passer,
aux yeux du monde, ignorant les circonstances particulières, pour de
la culture magyare.
Le developpement de ('organisation intérieure des archives tché-
coslovaques est tout a fait analogue a celui des archives des pays
e I Europe occidentale. Dans ces pays aussi, jusqu'a I epoque
romantique au changement du XVIIIe au XlXe siècle les archives ne
sont que I arsenal des pretentions fondées sur Ie droit de ceux qui
les detiennent, arsenal jalousement gardé contre tout regard étranger
et partant contre les regards curieux du savant. Néanmoins, on con
state, meme a cette epoque, une sollicitude particulière a l'égard des
arcuves. E Ie etait certes due en partie a l'intérêt même que leurs
detenteurs leurs portaient. Mais il y en a plus: on trouve des traces
une certaine organisation des archives en rapport surtout avec les
retormes administraties pendant le cours du XVIIIe siècle. II faut arriver
a epoque du romantisme pour constater des changements radicaux
ans opinion professée sur les archives et leur but. Le romantisme
est le temps ou Ie grand public manifeste un vif intérêt pour l'histoire.
Au surplus, epoque romantique est aussi celle d'un travail considé-
rable dans le doma.ne de la science historique. Les plus grandes
editions de sources h.stor.ques commencent a paraltre, chez presgue
toutes les nations, a cette époque. En même temps, on instituait
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une méthode d'édition des sources historiques. Avec une méthode
scientifique et 1 intérêt pour les travaux d'histoire se développa Ie
goüt des recherches scientifiques dans les archives et parallellement
aussi l'intérêt que les savants leur portaient.
Au courant général du romantisme, qui prenait l'histoire en si
grande estime, se mêlait, en Europe centrale, un élément politique. La,
1 histoire et 1 historiographie deviennent une arme aux mains des nations
qui luttent d'abord pour l'indépendance de leur culture nationale avant
de lutter aussi pour leur indépendance politique. Les nations s'appli-
quent d'abord a dégager de l'histoire l'individualité de leur culture,
puis, sur cette base, elles revendiquent leur indépendance politique.
Cette atmosphère d'idées pénètre aussi la science des archives.
L'idée nationale soutient les efforts de l'historien, et tous deux tra-
vaillent en vue d'un même but; rassembler autant que possible dans
les archives tous les témoignages de l'individualité d'une culture
nationale est considéré comme une affaire d'honneur national. D'une
telle atmosphère d'idées sortent ces archives portant la marque d'une
conception romantico-scientifique; ce ne sont plus des ensembles de
documents provenant de I'activité organisée d'un certain rouage
administratif, mais ce sont, en général, des recueils artificiels de vieux
manuscrits, ou encore peut-être des instituts scientifiques qui présen
tent un mélange d'archives disposées selon Ia définition que nous
en avons donnée tout a I'heure et des recueils artificiels, dont le
but était de procéder a l'étude systématique de l'histoire de certains
territoires et a celle de ses sources. C'est au sein de cette atmos
phère d'idées que prit naissance la science des archives tchécoslo-
vaques. En 1839 fut créé en Moravie un poste fixe d'archiviste des
archives de Ia région. En Bohème, les débuts de Ia science tchèque
des archives sont inséparables du nom du plus grand historiën tchèque
Francois Palacky. Sur sa proposition, présentée a la Société du
Musée, que le musée consacrat plus d'attention aux recueils d'histoire
diplomatique, et créat un cartulaire de l'histoire tchèque, les archives
du musée furent établis en 1846 au musée du royaume de Bohème.
Quelques années après, en 1851, furent fondées les archives de la
ville de Prague. Enfin, en 1862, encore a l'instigation de Fr. Palacky,
on fonda les archives du pays de Bohème, a la tête desquelles fut
placé Antoine Gindely successeur de Palacky dans la charge d'his-
toriographe du royaume de Bohème, et continuateur présomptif de
son oeuvre. La série des fondations d'archives régionales fut enfin
complétée par i'établissement des archives régionales de Silésie, a
Opava (Troppau).
II est intéressant de noter que toutes ces archives ont été fondées