100
portent des signes caractéristiques qui les distinguent de celles des
pays tchèques, on peut attribuer ce fait aux divers changements
dans la constitution et ('administration que subirent en Hongrie les
institutions féodales. Ce sont, en particulier, les archives des lieux
authentiques, et celles des comitats qui différent des archives que
Ton trouve partout dans les autres pays tchèques. Les lieux authen
tiques étaient dans l'ancienne Hongrie des institutions comparables
aux nobiliaires des pays tchèques. Elles servaient en premier lieu a
garantir la sécurité des droits de Ia propriété terrienne féodale. Une
loi de 1231 prescrivit a certains couvents et chapitres la tenue d'un
registre relatant les mutations de ces propriétés. Ces couvents et
chapitres devinrent lieux authentiques, et pour en faire preuve, ils
regurent du roi un sceau qu'ils apposaient sur les actes et autres
titres établissant les droits. Seuls les documents et diplómes produits
par les lieux authentiques et revêtus de leur sceau avaient une
valeur légale. Au cours des siècles, et jusqu'a l'abolition de l'insti-
tution, des lieux authentiques s'accumulèrent dans minutes formant en
général la partie publique des documents de l'autorité ecclésiastique
a laquelle était confiée la tenue du registre des lieux authentiques,
quantité d'enregistrements et de procès-verbaux des espèces les plus
différents.
Parmi les archives des comitats slovaques se trouvent celles de
la commune autonome de la noblesse des comitats. Après la bataille
de Mohacz, en 1526, les comitats, qui depuis le début du XlIIe siècle
s'étaient dégagés peu a peu de l'organisation militaire royale originelle
pour devenir une institution constatant l'autonomie de la noblesse
devinrent ('intermédiaire presque unique au moyen duquel le roi de
Hongrie gouvernait le pays. Ses comitats avec leurs parlements
s'occupaient non seulement de l'administration civile et judiciaire, qu'il
s'agït de procés civils ou correctionnels, mais même de politique pure,
car ils avaient le droit d'envoyer leurs réprésentants a la Diète hongroise
et de les munir de leurs instructions. Ainsi les archives de l'institution
des comitats, réorganisées en 1723 par un arrêt du parlement et qui,
sauf une courte suspension sous le régime absolutiste de Bach
(1848 1867), ont duré jusqu'a nos jours, formant une collection de
documents des plus importants pour l'histoire de la branche slovaque
de la nation. La plupart de leurs riches archives remontent au début
de l'époque des Habsbourg et même plus loin encore en certains
lieux comme dans le comitat de Zvolen (Altsohl), ou l'on retrouve des
procès-verbaux datant de 1507.
Les archives des villes, les archives privées telles que celles des
Palffy a Bratislava (Pressburg), des Andrassy a Krasna Horka (Gemer),
101
les archives ecclésiastiques, celles, par exemple, des archevêchés de
Banska Bystrice (Besetzter Banya), Roznava (Rosenau), Kosice (Kaschau)
et Presov (Eperjes), ne se distinguent ni par leur origine, ni par leur
sort des archives analogues des pays tchèques.
En même temps qu elle réforma 1 administration publique, 1 impe-
ratrice Marie-Thérèse réorganisa les anciennes archives de la maison
des Habsbourg, en créant a Vienne les archives de 1 Etat et de la
cour, Par son ordre, un archiviste de 1 Etat Taulow dé Rosenthal,
fut envoyé en 1749 aux différents dépots d'archives de la monarchie,
afin d'y choisir pour les archives de 1 Etat a Vienne, les pieces
les plus importantes et les plus précieuses pour 1 histoire. Les
recherches de Rosenthal portèrent entre autres, sur les vieilles archives
de la cour de Bohème, les archives de St. Venceslas, qu il disjoignit
sans miséricordela plus grande partie de leurs documents fut trans-
férée a Vienne. Elles portèrent également sur les nobiliaires, les
archives de la chambre de Bohème et du gouvernement. Partout
Rosenthal choisit et transféra a Vienne ce qu il y avait de plus précieux.
L'expulsion des Jésuites en 1771, la suppression des couvents par
Joseph II en 1783, portèrent a leur tour des coups sensibles aux fonds
d'archives en Tchècoslovaquie restés intacts jusqu'alors. Nombre de
celles-ci, soigneusement conservées par leurs propriétaires comme
établissant la source de leurs droits, passèrent brusquement a l'état
de pièces historiques par la suppression de l'ordre et des couvents.
L'administration de l'Etat ne pécha pas par un excès de sollicitude
a l'égard de ces témoignages écrits du passé. S'inspirant uniquement
de considérations matérielles et des besoins du moment, elle dispersa
les fonds des dépots jusqu'alors intacts, d'après leur contenu, les
plagant aux endroits ou elle supposait en avoir besoin. Ce qu il y
avait de plus ancien et de plus précieux au point de vue historique
fut remis aux archives de I Etat, a Vienne. C est de cette fagon
qu'y parvinrent aussi une partie des archives de la province tcheque
des Jésuites (ce qui avait le moins de valeur fut déposé aux archives
du gouvernement de Prague) ainsi qu' en 1811, une partie des archives
des couvents dissous. Ces archives eurent le plus triste sort, car
leurs documents furent partagés entre les archives du gouvernement,
celles de l'Etat de Vienne, et les bibliothèques des universités de
province. Les manuscrits furent donnés aux bibliothèques universi-
taires et a la bibliothèque de la cour de Vienne; les actes, selon
leur contenu, aux juridictions, dont les commissions de partage sup-
posaient qu'elles pourraient en avoir besoin. Lors de la reorganisa
tion de l'administration publique autrichienne, au milieu du XlXe siècle,
les pouvoirs publics portèrent une nouvelle atteinte aux fonds