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de villes oil, avec les batiments, périrent les archives et documents
qu'on y avait déposés. Malgré tout cela, dans les pays tchèques, les
livres municipaux, ceux de la juridiction civile plutot que de la
juridiction pénale, ainsi que les manuscrits des chartes relatives aux
droits des villes, ont pu être conservés, depuis le commencement
du XlVe siècle naturellement avec de considérables lacunes. Et même,
les registres de certaines villes importantes, telles que Prague, Plzen
(Pilsen), Kutna Hora (Kuttenberg), Ceske Budejovvice (Besetzter Budweis),
Louny (Laun), Kolin, Bmo (Brünn), Olomouc (Olmütz), Bratislava (Press-
burg), Kosice (Kaschau), Kremnice (Kremnitz), Stavnice (Schemnitz),
Bardijov (Bardfeld), nous sont parvenus dans un état remarquable
d'intégrité en comparaison avec ce qui a eu lieu dans les pays
environnants. De même les archives de l'université Charles IV ont
conservé surtout des manuscrits et des parchemins, depuis l'époque
de la fondation de l'université (1348). Les archives de l'administration
autonome des états remontent a la seconde moitié du XVlIe siècle,
spécialement celles qui concernent le fisc.
L'administration patrimoniale locale n'a conservé en général ses
documents que depuis la fin du XVle siècle. Une seule pourtant
en fait une remarquable exception. Dans les archives de Trebon (Wit-
tingau) on retrouve quoique d'une fagon incomplète et ayant souffert du
reclassement de la fin du XVlIle siècle et commencement du XlXe, les
registres relatifs a l'administration foncière des latifundia des Rosen
berg et a l'activité politique de leurs propriétaires; les parties les
plus anciennes remontent au XlVe siècle, et les parchemins un siècle
plus haut. Le document le plus vénérable de ces anciennes archives
des Rosenberg est du Xlème siècle.
A l'histoire de ces archives se rattachent, personnifiées dans
l'archiviste VacLAV Brezan, qui vivait dans ia seconde moitié du
XVle siècle, les tracés fidèlement suivies jusqu'ici, de l'ancienne pra
tique tchèque de la conservation des archives. La tradition de la
maison de Rosenberg, favorisant sur ses domaines, dès le XVle siècle,
la constitution d'archives a l'aide de ses vieux registres, fut continuée
aux XV11Ie et XlXe siècles par les nouveaux propriétaires des domaines
du Sud de la Bohème, les princes de Schwarzenberg. Ainsi, grace
aux archives de Trebon (Wittingau), créées par les Rosenberg, orga-
nisées par VacLAV Brezan, conservées et réorganisées par la familie
Schwarzenberg, les plus considérables archives privées Tchèques sont
parvenues jusqu'a nous. Sans elles, it serait impossible de connaitre
l'histoire de la Bohème aux XlVe et XVe siècles, peut être même au
XVe. Le même intérêt que présentent les documents des archives
de Trebon (Wittingau) pour l'histoire tchèque de ces siècles offre,
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pour le XVIIe, le contenu des archives de familie conservées par
la noblesse tchèque. La noblesse tchèque, et nous entendons par la
non seulement les families du pays, mais aussi celles qui, a l'époque
des Habsbourg, surtout après les confiscations de Ferdinand II (1621),
vinrent s'y établir, prit une part active a la vie politique du royaume,
et même a l'étranger, notamment, au service de ses souverains, a la
vie diplomatique. Les archives de ces families nobles sont une mine
précieuse de renseignements, qui intéressent non seulement l'histoire
tchèque, mais l'histoire générale, jusqu'ici, ces richesses ont été a
peine effleurées par la main d'un archiviste ou d'un savant. Vers la
fin du XlXe siècle seulement, la noblesse commenga a ouvrir ses
archives aux investigations scientifiques selon les préférences de
Vienne et non point dans l'esprit national tchèque. II y eut pourtant
des exceptions, telles qu' avee les archives de Roudnice (Raudnitz),
ouvertes a l'historiographie tchèque, prés d'un siècle plus tot.
Les archives que nous rencontrons en Slovaquie ont un caractère
un peu différent de celles qui proviennent des pays de l'ancienne
couronne tchèque. Les raisons de ce fait sont a la fois géographigues
et historiques. Les grands courants spirituels de la Réforme, de la
contre-réforme et de l'illuminisme et les temps troublés qui les accom-
pagnent, n'ont pas pénétré aussi profondément dans la Slovaquie
montagneuse, éloignée des grandes routes du monde, que dans les
pays tchèques. La Slovaquie, par conséquent, a conservé relativement
beaucoup plus de matériaux du moyen-age que les pays tchèques, plus
avancés au point de vue de la culture, mais plus exposés aussi a toutes
les calamités du temps. La branche slovaque de la nation tchécoslo-
vaque du début du Xe siècle jusqu' au commencement du XXe a été
séparée de la nation tchécoslovaque; elle a vécu une histoire toute
différente de celle de la branche tchèque. Au surplus, pendant tout le
cours de son histoire, le territoire de la nation slovaque a été admi-
nistré de centres qui étaient situés en dehors de lui, ou placés tempo-
rairement a ses confinsBratislava (Pressburg). On ne trouve done
pas, en territoire slovaque, d'archives de l'administration centrale de
ce territoire, analogues aux archives de la chancellerie de la cour de
Bohème, de la chambre de la cour etc. En effet, les archives de la
chancellerie hongroise de la cour ou celles de la chambre de la cour
royale de la Hongrie étaient a Vienne ou a Budapest. Si elles furent
déposées pendant quelque temps a Bratislava (Pressburg) c'était, en
ce qui concerne les archives de la chancellerie hongroise de la cour,
a l'époque de l'invasion turque en Hongrie. Dès que les Turcs eurent
été chassés, les archives reprirent leur place a leur centre d'origine.
Mais cette explication ne'st que partielle. Si les archives slovaques