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relatifs a la situation internationale du royaume, ont été conservées
pour Thistoriographie tchèque,'malgré l'époque et les circonstances
défavorables. Ces archives ont été organisées dés le XlVe siècle, au
temps de Charles IV, probablement sur le modèle de la chancellerie
impériale. Pendant les troubles hussites, les archives furent transpor-
tées de l'ancienne chancellerie royale de Prague au qhauteau-fort de
Krivoklat (Pürglitz) et de la, en 1436, a Karlstejn. La même année qu'
eut lieu leur transport a Karlstein le premier inventaire qui nous en est
parvenu fut fait. Après la bataille de la Montagne-Blanche elles furent
ramenées de Karlstejn a Prague, oil on les déposa dans la crypte de
la cathédrale St. Guy, prés de la chapelle de St. Venceslas, d'ou leur
nom d'archives de St. Venceslas. Pandant le règne de l'impératrice Marie-
Thérèse, quand on créa a Vienne une organisation des archives d'Etat,
l'archiviste officiel Taulow de Rosenthal emporta a Vienne les docu
ments les plus importants des archives de St. Venceslas et les classa
parmi les archives d'Etat et de la cour de Vienne. Ce ne fut qu'après
la grande guerre que l'Autriche, en vertu d'une stipulation du Traité
de St. Germain, restitua a la république tchécoslovaque entre autres,
la partie des archives royales dites de St. Venceslas qu'elle avait
autrefois emportées. Ainsi les parties séparées au XVIIle siècle ont
été au XXe de nouveau unies, pour former un tout complet.
Moins favorable fut le sort des archives de la chancellerie royale
de Bohème. Ses vieux registres étaient en majeure partie perdus déja
dans la seconde moitié du XVe siècle. Ce qui avait pu en subsister
fut probablement détruit par l'incendie du chateau de Prague, en
1541. De l'époque antérieure a 1526, date de l'accession des Habs-
bourgs au tróne de Bohème, il ne nous reste plus aujourd'hui que trois
registres originaux de la chancellerie tchèque, dont deux se trouvent
maintenant sur le territoire de la république tchécoslovaque. Ce ne
fut que dans la période habsbourgeoise qu'on conserva, au moins
en grande partie, les registres de la chancellerie royale de Bohème, ou
l'on inscrivait les actes les plus importants émanants d'elle, et il en
fut ainsi jusqu'a ce que Ia chancellerie de Bohème fut transférée a
Vienne (en 1612).
Les archives de la chancellerie royale de Bohème sont conservées
en deux parties et en deux lieux différents. La partie qui date de
l'époque antérieure au déplacement de la chancellerie royale de Prague
a Vienne se trouve a Prague, et la partie qui se rapporte a l'époque
comprise entre ce déplacement et la suppression de la chancellerie, en
1749, est a Vienne. Toutes deux ont souffert, au commencement du
XlXe siècle, d'un triage qu'on peut qualifier de décimation en ce qui
concerne les archives de la chancellerie de la cour de Bohème. Cette
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perte est un peu compensée par la circonstance que le triage des
archives provenant des administrations subordonnées a la chancellerie
de la cour de Bohème (par exemple celles, du gouvernement de
Bohème et de Moravie-Silesie), n'a pas compromis leur intégrité
dans une mesure aussi considérable que le grand triage infligé, a
Vienne, aux archives de la chancellerie royale de Bohème. En revanche,
les archives du gouvernement de Bohème ont subi naturellement les
conséquences du réclassement des actes qu'elles renfermaient, auquel
fut procédé dans les premières années du XlXe siècle, et qui eut
pour effet de rompre la continuité du contenu des fonds. Les registres
provenant des administrations régionales, subordonnées a celles du
gouvernement, nous sont parvenues fragmentairement depuis la fin
du XVlle siècle, et d'une manière plus compléte a partir du XVIIle.
Nous avons relaté plus haut le sort que subit le nobiliaire de
Bohème dans l'incendie du chateau de Prague, le 2 |uin 1541. De
toute la masse de documents contenus dans le nobiliaire le surnom
de „trésor du royaume de Bohème" qu'on lui donnait aux XVe et
XVIe siècles souligne bien son extréme importance, il ne nous est
resté que de Iamentables débris (le cadastre de la feodalité et un fragment
du registre des assignations des années 1316 a 1325). A partir de la réno-
vation des registres, qui eut lieu en 1541, le nobiliaire de Bohème
est intégralement conservé, jusqu'a la publication des nouvelles Lettres
patentes sur l'enregistrement en 1794. Plus heureux que le nobiliaire
de Bohème, le nobiliaire de Moravie est conservé depuis 1348, celui
d'Opava (Troppau) depuis 1431 et celui de Krnov (Jagemdorf), depuis
1403, tous complètement.
Les registres de l'administration financière de l'Etat et du con
trole des finances royales, établis par Ferdinand Ier, aussitót après
son avènement en 1526, sur des modèles évidement bourguignons, et
la section de Bohème de la chambre de la cour, ont été intégrale
ment conserves pour notre historiographie jusqu'a la reorganisation de
l'administration publique et financière opérée en 1749 par Marie-Therèse.
De même, quoique d'une faqon moins compléte, nous sont parvenus
les actes de la Chambre tchèque de Prague, organe subordonné au
précédent. Mais tout ce que nous avons dit plus haut du reclassement
des actes du gouvernement de Prague, auquel fut procédé au commen
cement du XlXe siècle, et de la rupture de la continuité du contenu
des fonds, est malheureusement également vrai des actes de la Chambre
de Bohème a Prague.
Le sort des actes des corporations autonomes fut, a maints égards
semblable a celui des actes de l'administration publique. Bien souvent,
au cours des siècles, les registres municipaux ont souffert des incendies